Certains informaticiens n’ont toujours rien compris !
Il y a quelques jours, j’étais en vidéo-conférence avec un prospect - une entreprise susceptible d’être intéressée par mes services en matière de formation et d’accompagnement à l’architecture et à la gouvernance des données.
Après avoir passé 30’ à expliquer pourquoi le choix d’un outil n’était pas la priorité; Après avoir expliqué qu’il fallait d’abord collecter les besoins des lignes d’affaires; Après avoir expliqué l’importance de mettre en place un programme de gouvernance des données; la première question du responsable informatique… “mais dites-moi, entre nous, quel est votre outil préféré Tableau ou PowerBI ?”
Il n’avait rien compris, ou rien voulu écouter des 30’ de la présentation initiale. Et cela m’a rappelé mes débuts au CXP. Cet organisme conseillait dans les années 1990/2000 les entreprises sur le choix d’un progiciel, à peu près dans tous les domaines. Outil de base, le cahier des charges, qui répertoriait les besoins d’une entreprise, et permettait de leur faire correspondre un ou plusieurs progiciels du marché.
Bien sur, la rédaction d’un cahier des charge prenait du temps, occupait les équipes de l’entreprise, et donc avait un coût… Et certains tentaient déjà de sauter cette étape. Combien de fois m’a-t-on demandé si l’on pouvait acheter un “cahier des charges standard”. Sous-entendu, mon entreprise n’est pas différente des autres. Donc si j’achète un cahier des charges déjà rédigé, j’aurai un produit qui répondra a peu près aux besoins de mon entreprise… pas la peine de rentrer dans les détails… Et bien si !
Imaginez-vous un instant aller chez le médecin et lui demander s’il n’aurait pas par hasard une liste des symptômes et des analyses prêtes à l’emploi ? Pourquoi vous faire perdre du temps avec une prise de sang, si vous pouvez acheter des analyses déjà réalisées et à peu près standard… Accepteriez-vous alors d’être à peu près soigné, en fonction de ces analyses à peu près justes ?
Alors, comment expliquer cette attitude ? Il faut tout d’abord comprendre que nos informaticiens sont des Êtres humains, motivés par le succès de votre entreprise, mais également sensibles à leur plaisir personnel. Or, soyons honnête, le plaisir pris pour un informaticien dans la rédaction d’un cahier des charges est… limité. Son excitation est bien plus forte si vous lui proposez d’installer la nouvelle version d’un outil qu’il ne connait pas et de vous dire ce qu’il en pense.
Tout comme un photographe va vouloir acheter le dernier modèle d’objectif, un alpiniste le dernier modèle de piolet, et un joueur de tennis la dernière raquette. Vous aurez d’ailleurs remarqué que les vrais photographes trainent un appareil hors d’âge; les guides de montagne un piolet qui a déjà vu de nombreux sommets, et les bons joueurs de tennis une raquette fétiche… quand on débutant, on croit que le gadget va nous sortir de l’approximatif; quand on est bon, on sait que cela ne vient que pour une petite partie du matériel.
Mais nous parlons ici de l’avenir d’une entreprise, de ses données, de ses processus et de sa performance… peut-être les informaticiens devraient-ils arrêter de jouer à l’informatique; et se préoccuper plus consciencieusement de ceux qui utiliseront les outils, ceux qui travaillent dans les différents départements fonctionnels.
Quand au client en question, à qui je suggérais de se pencher sur un cadre de gouvernance avant de choisir entre PowerBI et Tableau… il n’a pas retenu mes services; c’est compréhensible. Mais je parie que dans quelques mois, j’aurai de ses nouvelles ;-)