Cosmos 1999, au 99 rue de Rennes, il y a 50 ans
Il y a très très très longtemps, dans une lointaine galaxie, je regardais parfois le dimanche la série Cosmos 1999, dans le grand appartement de ma grand-mère, au deuxième étage du 99 rue de Rennes, et je vivais des moments incroyables.
Pourtant à l’époque, la télévision n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Son tube cathodique nécessitait quelques minutes de chauffe avant d’afficher la moindre image. Il n’était pas bien grand, mais il m’était interdit de m’installer trop proche. L’image n’avait rien de HD, mais elle nous faisait voyager dans un autre millénaire. Vivre en 1999, que cela paraissait lointain à la fin des années 70 !
Cette télévision n’avait que peu de chaines, et pour en changer il fallait se lever, appuyer sur le bouton désiré du téléviseur, et espérer que cela fonctionne. Le programme démarrait à l’heure prévue, et c’était à nous d’allumer le poste à temps. Si par malheur, l’antenne UHF était mal réglée, c’était de la « neige » à l’écran, un son inaudible ou des images incompréhensibles.
Un épisode raté, et il n’y avait aucune manière de le revoir. C’était ce que l’on n’appelait pas encore, de la télévision linéaire. Pas encore, car il n’y avait pas d’alternative.
Petit à petit, décennie par décennie, les technologies ont évolué : télécommande à distance, écran plat, écran large, son de haute qualité, internet et finalement le cloud computing. La combinaison de ces technologies a bouleversé, en 40 ans, notre manière de consommer l’image. Et pour la première fois, en 2026, selon une étude de Emarketer, le nombre d’enfants de moins de 11 ans qui regardent YouTube devrait surpasser celui de ceux et celles qui regardent la télévision linéaire. C’est un coup de canif supplémentaire dans un modèle passif, celui de la télévision linéaire. On constate la même tendance quand on compare l’écoute de la radio et celle des podcasts. Même si la radio (sous la douche, dans la voiture, comme bruit de fond…) a encore de beaux jours devant elle.
L’expérience utilisateur de ce que l’on appelle encore parfois la télévision, a été modifiée en profondeur : l’utilisateur contrôle le temps (quand il démarre, quand il se met en pause, quand il s’arrête, et ce qu’il regarde), contrôle à distance, peut même se déconnecter du réseau et regarder le contenu sur un terminal indépendant (mobile ou non), et il peut participer en donnant des notes et en commentant.
Corollaire, une industrie à disparu, celle des magazines de programmes de télévision. Entre 2006 et 2022, certains titres phares comme Télé 7 jours, Télé Loisirs ou Télé Z, ont vu leurs ventes divisées par deux ou trois. Ils n’ont tout simplement plus de raison d’être.
Les grands gagnants sont YouTube, Netflix, Amazon Prime, Apple TV et les canaux historiques qui ont su se convertir à la télévision non-linéaire. Je ne le détaillerais pas ici, mais un gros inconvénient, la consommation de bande passante internet, et donc d’énergie… Envoyer un signal UHF reçu par des millions de français ou envoyer à chacun le flux de streaming de son émission favorite ; nous étions bien plus économes avant. Mais nous avons gagné en liberté, en agilité, et en expérience utilisateur.