Le livre à lire sur l’histoire des premières années de l’agence Rumeur Publique
Leurs initiales sont identiques, Christian Giacomini et Christophe Ginisty ; ils ont tous les deux épousé une Valérie. Ils ont été les meilleurs amis du monde pendant de nombreuses années. Puis ils se sont séparés ; et cela ne s’est pas bien passé. Deux caractères forts, dont un corse ; il n’en fallait pas plus pour créer à la fois une très belle histoire, et une triste fin.
Je les ai beaucoup fréquentés tous les deux. Ils ne connaissaient rien aux relations presse ; je ne connaissais rien au journalisme. Nous avons fait de belles choses ensemble, et beaucoup ri. Presque 30 ans après, Christophe a éprouvé le besoin d’écrire son histoire, pas forcément celle que l’on pouvait imaginer. Dans un livre passionnant, il raconte comment le cancre qu’il était est parvenu à créer avec Christian une des meilleures agences de relations presse de Paris, au cœur de la décennie des années 90, qui verra la bulle internet gonfler, puis exploser. Comment de la vente de pages de publicité dans des magazines sans intérêt, ils ont conquis des budgets de gestion des relations presse tels que Apple, HP, Cognos, BusinessObjects, Olivetti, etc.
Et comme l’histoire ne s’est pas terminée sans égratignures, Christophe avait besoin de la raconter.
En ce qui me concerne, la lecture de ce livre a réveillé des souvenirs marquants. Christian et Christophe m’ont ouvert les portes de la vraie presse, alors que je ne publiai que ma petite lettre confidentielle sur l’informatique décisionnelle. Ils m’ont offert de participer à mon premier voyage de presse, et ils m’ont fait découvrir le Canada et les États-Unis.
À titre personnel également : des coups de gueule alcoolisés en sortant d’une péniche sur les quais de Seine, aux moments passés avec la première fille de Christophe, Laura, alors toute bébé, avec qui nous échangeons de temps à autre ; aux discussions enflammées avec la première épouse de Christian, que j’ai toujours plaisir à recroiser, même si c’est rare.
Au Canada, nous avions rencontré des gens passionnants, les fondateurs et dirigeants de Cognos (merci à Patrick Lutgé pour cette opportunité) ; nous n’avions pu contenir un fou rire autour de la table du conseil de Nortel ; ni éviter de bomber le torse en sortant de la limousine devant le Thursday à Montréal ; et gardé un souvenir incroyable d’une rencontre avec Pierre Faucher à la Sucrerie de la Montagne (que j’ai recroisé 20 ans plus tard, voir la photo).
À Chicago pour la conférence Informix, nous avions dansé et regardé les vice-présidents se trémousser sur la piste.
Par la suite, nous avons passé des soirées nombreuses et arrosées avec Ange, à la Main d’Or, dégustant moult figatelli, brocciu, cabri rôti, arrosés de liqueur de châtaigne.
Ce sont donc des souvenirs incroyables que je n’effacerai jamais de ma mémoire. Et je les leur dois, à tous les deux. Christian est un emmerdeur, mais un emmerdeur que l’on adore. Il a le sang chaud, pas corse pour rien. Mais il aime fondamentalement les gens. En revanche, il est têtu ! Et accepte mal la contradiction. Il n’a pas aimé un portrait que j’avais écrit sur son protégé, Jean-Paul Minarro. L’intéressé s’en fichait, mais Christian a coupé les ponts, je le regrette.
Je ne l’ai revu qu’une fois, pour les 30 ans de Rumeur Publique où il m’avait invité… peut-être par erreur ;-) mais cela n’éteindra pas les souvenirs ni la reconnaissance que j’ai vis-à-vis d’eux, de tous les deux !
Un livre à lire donc, pour comprendre une des facettes de la naissance et de la croissance de la micro-informatique professionnelle. La leur, la mienne, et peut-être la vôtre. Et comme je l’écrivais hier à Christophe, il reste un second tome à écrire, celui où il racontera les anecdotes de ses rencontres avec les journalistes, et il doit en avoir de belles ! Pour l’instant, Christophe préfère rester politiquement correct, mais j’espère qu’un jour il se lâchera !
PS : j'ajoute à ce billet un souhait, un rêve, faire dédicacer mon exemplaire par Christian et par Christophe, et qu'ils enterrent la hache de la Sucrerie de la Montagne !